La mobilité urbaine du début du 20ème siècle

Le 19ème siècle a profondément modifié les modes de vie des populations. Majoritairement rurales, en 1800, les populations, souvent jeunes migrent massivement vers les aires urbaines pour travailler dans les nombreuses usines des villes tout au long du siècle. Lyon compte 89000 habitants en 1800, 180000 en 1850 et 460000 en 1900, soit une population multipliée par quatre en un siècle.

En 1817, Karl Drais, un allemand, invente une «machine à courir» permettant de se déplacer sur deux roues. Chère et peu pratique, c’est surtout un loisir pour les plus fortunés. Son invention est perfectionnée tout au long du 19ème siècle pour devenir dans les années 1880 la bicyclette que l'on connait aujourd'hui.

Celle-ci se diffuse progressivement dans la population pour intégrer tous les foyers au début 20ème siècle. C’est le moyen de transport des classes populaires. A la fin des années 1890, on compte en effet alors plus de 1,5 millions de bicyclettes en France. En 1893, la «petite reine» a tellement imprégnée la société que l’Etat met en place une redevance annuelle pour tous les détenteurs de cycle. Des plaques annuelles sont apposées sur les vélos jusqu’en 1958, lorsque la taxe est adaptée aux automobiles (carte grise). La pratique massive de la bicyclette fait changer le code civil avec un article concernant l'habillement des femmes : un article du code civil de 1892 permet aux femmes de porter l’habit d’homme (le pantalon) lorsqu’elles circulent à bicyclette. (Article abrogé dans les années 2000).

A bicyclette, on peut aller plus loin qu'en marchant en moins de temps et en toute indépendance. L’espace vécu des personnes augmente : on peut travailler plus loin de son domicile ce qui permet plus de choix de métiers, aller rencontrer d’autres personnes, développer des loisirs

Affiche cycles George richard avec des femmes portant un pantalon
Affiche cycles George richard avec des femmes portant un pantalon
funiculaire
funiculaire

Les omnibus, wagons circulant sur des rails, tirés par des chevaux se développent à Lyon entre 1840 et 1880. Des lignes sont créées pour que les ouvriers qui habitent le centre-ville puissent rejoindre les banlieues où sont installées les usines. Les flux sont donc inversés par rapport à ce que l’on connait aujourd’hui. Au départ, les lignes sont mises en place par des entreprises différentes, mais progressivement un monopole s’organise avec la compagnie des Omnibus et Tramways de Lyon (OTL).

En 1862, est créé le funiculaire lyonnais, pour relier les collines (Fourvière, Croix-Rousse) au centre-ville. Appelé à l'origine "chemin de fer à la corde" sont devenus dans le langage populaire lyonnais des "Ficelles". Celui-ci reliait le Vieux-Lyon à Fourvière, Cette ligne, la plus courte du réseau, mesurait à l'époque 431 mètres de long.

Dans les années 1880, les lignes de tramways s’électrisent et leurs nombre s’accroît. En 1914, il existe une trentaine de lignes qui desservent Lyon et ses banlieues, dans un maillage très similaire à ce que nous connaissons aujourd‘hui. En 1956, la dernière ligne de tramway urbain ferme (ligne 4) et en 1957 pour la dernière ligne sub-urbaine (Lyon-Neuville), concurrencé par les autobus, trolleybus et automobile individuelle.

Entre 1978 et 1984 sont construites les lignes de métro A, B et C puis la D. En 1996, le Maire Raymond Barre relance l’idée d’un réseau de tramways, moins couteux qu’une ligne de métro,  qui sera effectif en 2001 avec les lignes T1 et T2.

Les trolleybus, autobus fonctionnant à l’électricité et alimentés par des lignes de courant aériennes (double caténaires) sont mis en place très tôt à Lyon, dès 1905. Mais ces lignes de transport ne sont vraiment développés que dans les années 1930. Peu à peu ils remplacent les lignes de tramways jusqu’aux années 1960, âge d'or des trolleybus.

C’est le constructeur Vétra (Société des Véhicules et Tracteurs Électriques) qui fournit les trolleybus.

Dans les années 1960, les autobus (de marque Berliet) commencent à concurrencer les trolleybus. Ces derniers sans être arrêtés ne se développent plus et perdent des lignes au profit des autobus. Puis dans les années 1970, des lignes trolleybus (de marque Berliet) sont prolongées puis d’autres créées et leur succès n’est jamais démenti jusqu’à aujourd’hui.

Ce mode de transport est encore très développé à Lyon. Aujourd’hui encore, il y a plus de 10 lignes «fortes» du réseau TCL qui sont des trolleybus.

trolleybus années 1950 à Lyon
trolleybus années 1950 à Lyon (archives municipales de Lyon)
Renault 4CV
Renault 4CV, musée de l'automobile Henri Malartre (b.stofleth)

D'abord réservée à une élite, l'automobile individuelle ne cesse de conquérir de nouveaux publics tout au long du 20ème siècle. Mais il faut attendre les lendemains de la Seconde Guerre Mondiale pour que l'automobile devienne un produit populaire accessible pour presque tous le monde.

En 1947, Renault propose la 4CV, suivi par Citroën en 1949 qui sort la 2CV et de Peugeot en 1955 avec la 403.

A la fin des années 1950, le territoire urbain s'automobilise" avec de grands travaux d'aménagement des routes (élargissement, prolongation, création de voies réservées comme les périphériques).C'est tout un secteur économique parallèle à la production industrielle de l'automobile qui marque le territoire : installation de stations d'essence pour faire le plein, de garages automobiles pour réparer...

L'imaginaire autour de l'automobile porteuse de valeurs comme la liberté et l'émancipation apparaissent pendant cet immédiat Après-guerre.

En 1953, 2,5 millions d'automobile sont vendues,15,5 millions en 1975.